Vents arabesques (Didier Thurios, Nouvelles) © 2011 Éditions Le Solitaire Tous droits
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« Nos pas les plus gagnants sont les pas
perdus. » « Le désert est une mer où se mirent les
âmes. » « Dans ce coin du monde, l’histoire a du mal
à soigner son bégaiement. » « Pas un papier dans les rues. Comme un désir
d’ordre et de netteté, après la fureur et le chaos. La paix, même fragile, se
doit d’être propre. » [Beyrouth] « Les soldats de la paix ne connaissent la
fraternité qu’en temps de guerre. » [Saïda] « N’ayant pas de corps la femme voilée exploite
le seul espace qui lui est permis, l’intérieur. Elle privilégie l’essence, le
fond des choses. La femme libérée développe, elle, plutôt les formes. Entre les
deux les Libanais pensifs qui se demandent comment sauter du coq à
l’âme. » « Cinq sens, un cœur à vif et une âme passée au
papier verre. Le cerveau ne sert que très peu en voyage. » [Le Liban] « pays sans tête continuant à courir
dans tous les sens. » « Parce qu’il n’est de
plus grand réel que celui qui fuit le jour, l’ombre avance au chevet de la
lumière jusqu’au dernier soupir du crépuscule. À l’intérieur, à l’intérieur
où bat le cœur du cœur. » « Il n’est de temps plus absent, il n’est de
temps plus trompeur que celui de la nostalgie. » « On fait sa couche d’un fossé,
d’un chemin une écharpe ; un rien suffit à muer les trottoirs en collines
habitées, un tout petit rien à transcender l’infime en intime… Le vent passe sa langue sur les lèvres d’un
terrain vague, on y voit les vagues perlées d’un océan rageur, allongées sur
le dos d’un désert en déserrance… » « Le vrai désert, ce qui nous
ravine et nous déconstruit, c’est l’oubli du temps présent, l’incertitude
d’être. Chercher l’issue ne dispense pas de tolérer la
tenaille du temps. Ni de souscrire aux vents arabesques. » |